Histoire de la Pensée Économique
2014-2015 – Session 2 – Corrigé
Question 1 : Expliquez comment se détermine la rente chez Ricardo (faites un ou
plusieurs graphique(s) pour illustrer vos explications).
Réponse
La réponse à cette question supposait d'abord de donner une définition pour commencer et explique ce qu'est la rente. Il fallait aussi dire que, chez Ricardo, la rente est différentielle et expliquer que cette rente est liée à la fertilité de la terre. Tout autre détail (comme la référence à Malthus, qui a aussi parlé de rente différentielle, ou à Smith, qui expliquait la rente par la situation de monopole du propriétaire, était secondaire.
Après ces définitions, il fallait expliquer les hypothèses sur lesquelles repose la détermination de la rente et sans lesquelles le raisonnement de Ricardo ne peut pas être compris. Ces hypothèses sont que les rendements d'échelle sont décroissants et que la quantité de terres fertiles est limitée.
Enfin, il fallait expliquer comment se détermine effectivement la rente (avec le développement de l'économie, de plus en plus de terres sont cultivées ; elles sont des moins en moins fertiles ; sur les terres moins fertiles, le produit physique obtenu est plus faible que sur les terres les plus fertiles pour une quantité donnée de travail et de capital (à cause de l'hypothèse de rendements décroissants). À mesure qu’on utilise des terres moins fertiles, il apparaît une différence entre le produit physique de la dernière terre et celui des terres les plus fertiles. En outre, les fermiers ou capitalistes se font concurrence pour acquérir le droit de produire une terre à cultiver. Ils achètent dont les terres en proposant des rentes les plus élevées possibles. Cela conduit à l'homogénéisation (l'uniformisation) des taux de profits. La rente absorbe donc la différence de produit entre les terres les plus fertiles et les terres les moins fertiles. C’est donc le principe de l’uniformité des taux de profit. Et l''uniformité des taux de profit provient du fait que la rente est la différence entre le produit réalisé sur les terres anciennes et celui réalisé sur la terre marginale.
Enfin, le schéma. Je rappelle qu'un schéma rapporte des points s'il est fait correctement et
qu'il est complet.
Question 2 : Commentez la citation suivante :
La science économique n'étant autre chose que l'application de l'ordre naturel au gouvernement des sociétés, est aussi constante dans ses principes et aussi susceptible de démonstration que les sciences physiques les plus certaines. (Dupont de Nemours, De l'origine et des progrès d'une science nouvelle, 1768)
Réponse
J'insiste sur le fait qu'un commentaire ne consiste pas à répéter et paraphraser ce qui est écrit. Il faut montrer que vous savez lire la citation et en tirer les éléments importants. Dans ce cas, la question portait donc sur le commentaire d'une citation et non pas sur le commentaire du commentaire que j'avais ajouté pour dire que Dupont de Nemours était physiocrate. Il s'agissait donc de commenter une citation qui parle de … « science économique », d'« ordre naturel » et de « sciences physiques ». Il était évidemment possible de parler de physiocratie mais en reliant ce point à la question de la science. Donc, toute réponse consistant à dire « Cette citation est tirée de l'ouvrage De l'origine et des progrès d'une science nouvelle, écrit par Dupont de Nemours. Dupont de Nemours était physiocrate.
La physiocratie c'est ... » n'avait pas beaucoup de rapport avec la citation.
L'argument de Dupont de Nemours est donc que l'économie est une science parce qu'elle explique l'ordre naturel. Selon lui, il n'y a donc pas de différence avec les sciences physiques ou les sciences de la nature parce qu'elles se rapportent toutes au même objet : l'ordre naturel. Comment les physiocrates ont-ils appliqué cette idée ? En disant que la nature produit et que sa production peut se mesurer et se quantifier par des concepts tels que le produit bruit et le produit net. Ensuite, en ayant une une approche scientifique de l'économie comme comme d'un organisme dont le fonctionnement est naturel et toujours en équilibre. Evidemment, l'exemple typique de cette approche est le tableau économique. Eventuellement, en conclusion, il était possible de parler laissez-faire, laisser passer (mais en conclusion, cela n'a pas de rapport avec la « science ».
Question 3 : La baisse tendancielle du taux de profit chez Marx.
Réponse
Commencer par un élément important chez Marx : la baisse du taux de profit uniquement à la forme spécifique de l'économie qu'est le capitalisme. Chez Marx la baisse du taux de profit est au contraire la conséquence inéluctable de ce même progrès technique — et de la forme qu'il prend en économie capitaliste. Ensuite, définir le taux de profit, par exemple en en donnant une formule (la formule donnée en cours).
Le taux de profit est le rapport entre les profits récoltés et les capitaux investis; pour le capitaliste, le taux de profit est ce qui intéresse le capitaliste, c'est-à-dire le taux de rendement de tous les capitaux.
- Les capitaux investis se divisent en deux catégories:
d'une part, le capital constant, celui qui dans la production, se contente de transmettre sa valeur aux marchandises (bâtiments, machines, matières premières, etc.) ; d'autre part, le capital variable, qui se définit comme l’ensemble des moyens financiers employés à acquérir la force de travail.
Donc, le taux de π = le rapport entre la plus-value (pl) et la somme des capitaux avancés C+V, soit les coûts de production: r = pl/V+C. Divisons chacun des termes de cette fraction par V (ce qui ne change strictement rien à r). On obtient la formule :
Dans cette nouvelle formulation, on trouve deux nouvelles variables :
ε, qui est égal à pl / V. Il s'agit, dans les concepts de Marx, du taux de plus-value, également appelé taux d'exploitation. C'est le rapport entre le travail qui est extorqué aux salariés et celui qui leur est effectivement payé par les capitalistes.
Ω, qui est égal à C / V. Cette grandeur représente le rapport entre le capital constant et le capital variable, ce que Marx appelle la composition organique du capital, le coefficient d’intensité capitalistique K/L dans la terminologie néoclassique.
L'explication est la suivante :
le taux d'exploitation et la composition organique ont des effets inverses sur le taux de profit:
si le tx d'exploitation augmente, alors le taux de profit augmente; si la composition organique du capital augmente, fait diminuer le taux de profit.
Or, pour Marx, (1ère loi tendancielle), la composition organique du capital augmente. Dans économie capitaliste, les capitalistes cherchent à faire des économies sur les coûts en main- d’œuvre. Donc, l'accumulation se fait en faveur du capital constant et au détriment du capital variable. Ainsi, la partie du capital consacrée à l'achat de machines tend à prendre de plus en plus d'importance par rapport à celle consacrée au paiement des salaires. La composition organique du capital (C/V) augmente avec le temps, entraînant le taux de profit vers le bas.
Remarque: cette augmentation de C/V implique un machinisme croissant qui va entraîne un remplacement du travail vivant (celui des salariés) par le travail mort (les machines); càd une baisse des besoins en main-d’œuvre et la constitution d’une armée industrielle de réserve.
Cette tendance pèse sur les salaires, qui convergent vers le salaire de subsistance. D’où une seconde loi: La paupérisation des travailleurs augmente. Marx suggère aussi que le taux d'exploitation restera stable, ou en tout cas qu'il ne pourra pas augmenter suffisamment pour compenser les effets de l'augmentation de la composition organique.
On pouvait terminer en disant qu'il existe des contre-tendances possibles.
Histoire de la Pensée Économique
Examens Corrigés
Question 1 : Expliquez comment se détermine la rente chez Ricardo (faites un ou plusieurs graphique(s) pour illustrer vos explications).
Réponse
Question 2 : Commentez la citation suivante :
La science économique n'étant autre chose que l'application de l'ordre naturel au gouvernement des sociétés, est aussi constante dans ses principes et aussi susceptible de démonstration que les sciences physiques les plus certaines. (Dupont de Nemours, De l'origine et des progrès d'une science nouvelle, 1768)